Monastere Saint Maron Annaya - Tombe de Saint Charbel

24 November 2025 · 13:00

Localisation
Le monastère de Saint Maron est situé dans le village d’Annaya, l’un des villages de la région de Jbeil, dans le gouvernorat du Mont-Liban. Il s’élève à 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer et se trouve à 52 km de la capitale Beyrouth.

L’ermitage des saints Pierre et Paul se trouve sur la colline en face du monastère, à une altitude de 1350 mètres.

Nom
Annaya est un nom syriaque dérivé de « ‘Anāyā » qui signifie le chantre ou le psalmiste, ou de « ‘Anūyā » qui désigne l’ascète ou l’ermite.

Histoire du monastère
En 1820, l’Ordre Maronite Libanais a entrepris la fondation d’un nouveau monastère dédié à Saint Maron. La construction de la première partie du monastère a commencé en 1828, année de naissance de Saint Charbel.

En 1829, lors du chapitre général de l’Ordre tenu au monastère de Notre-Dame de Tamish, il fut décidé de fonder le monastère de Saint Maron à Annaya. Le père Sarkis el-Kartbawi en fut le premier supérieur, suivi du père Yuhanna el-Kaakoury. Ils construisirent quelques chambres et une église au toit en bois, grâce au soutien du père général Ignace Bleibel, qui leur fournit mobilier et biens pour le monastère.

Le monastère resta ainsi jusqu’en 1838, année du chapitre général qui élut le père Emmanuel el-Chababi comme supérieur général. Avec son conseil, il décida de reconstruire le monastère selon sa forme actuelle. Le père Libāos Dagher el-Tannouri fut nommé supérieur. Les travaux commencèrent le 8 mai 1839 avec la construction du puits, des caves et de l’église, et furent achevés le 20 octobre 1841.

Après la béatification de Charbel Makhlouf en 1965, l’Ordre Maronite Libanais entreprit la construction d’une nouvelle église pour accueillir le grand nombre de fidèles venant à Annaya. L’église fut inaugurée en 1974.

Saint Charbel
Ce monastère, comme d’autres grands monastères de l’Ordre Maronite Libanais, servait de noviciat. C’est ici que Saint Charbel Makhlouf prononça ses vœux monastiques le 1er novembre 1853. Son nom figure dans les registres du monastère d’Annaya pour les assemblées de l’ordre en 1868, 1871 et 1874.

Pendant 47 ans de vie monastique, le père Charbel n’a cessé d’accomplir des travaux manuels en toute saison, s’occupant des tâches du monastère et des champs. Il coupait du bois dans la forêt, transportait de lourdes charges et des paniers de raisins jusqu’au pressoir sans jamais en goûter un seul grain. Il travaillait la terre avec la conviction que son labeur participait à l’œuvre du Créateur, qui nous a donné le monde pour que nous nous réjouissions en le complétant.

Le miracle de l’eau changée en vin à Cana inaugura l’ère des miracles de Jésus ; de même, le miracle de la lampe à eau à Annaya ouvrit le livre des prodiges de Charbel. Au monastère de Saint Maron, le père Charbel alluma sa lampe avec de l’eau, éclaira l’obscurité et poursuivit sa prière et sa méditation dans l’amour de son Créateur.

En 1885, des nuées de sauterelles obscurcirent le ciel au-dessus des champs d’Annaya et des villages voisins. Le supérieur ordonna au père Charbel de bénir de l’eau et d’en asperger les champs. Tous les champs bénis furent épargnés. Des habitants des villages voisins accoururent pour obtenir de l’eau bénite, et leurs champs furent également protégés. Lors de la moisson, une centaine de personnes du village d’Ihmej vinrent récolter gratuitement les champs du monastère en signe de gratitude.

Vie du monastère
Grâce à la présence du tombeau et du corps de Saint Charbel, ce monastère est devenu un lieu de pèlerinage mondial, attirant des milliers de fidèles de toutes confessions et origines. Dieu a accompli de nombreux miracles par l’intercession de Saint Charbel, surtout après 1950.

Suivant l’exemple de Saint Charbel, qui unissait le ciel et la terre, le monastère de Saint Maron – Annaya s’investit dans des activités agricoles remarquables et des productions artisanales variées telles que le vin, les confitures et les produits laitiers.

Les sites du monastère
Aujourd’hui, en plus de l’église du monastère et du cloître réservé aux moines, on trouve au rez-de-chaussée un musée qui contient des vêtements monastiques et sacerdotaux ainsi que des objets liturgiques ayant appartenu à Saint Charbel et aux moines. Le musée abrite également le cercueil en cuivre et celui en verre dans lesquels le corps du saint fut exposé aux visiteurs, ainsi que les draps et vêtements imbibés d’eau et de sueur que son corps a suintés pendant 70 ans après sa mort. Le tombeau actuel du saint est en bois de cèdre, orné d’un cèdre du Liban et de la croix du Christ.

Le musée présente aussi une maquette représentant la famille du saint, exemple de la famille maronite montagnarde réunie en prière avant le repas. On y voit également des béquilles et des bâtons laissés par des fidèles guéris de paralysie ou d’autres maladies. Des milliers de lettres venues du monde entier y sont conservées, demandant l’intercession et la bénédiction du saint.

Il ne faut pas oublier la bibliothèque, qui contient des livres spirituels en plusieurs langues, ainsi que des souvenirs des œuvres du monastère et des bénédictions d’encens et d’huile du saint.

Ainsi, grâce à Saint Charbel, le monastère de Saint Maron à Annaya est devenu un sanctuaire national et international majeur, attirant des milliers de fidèles pour prier, se repentir et répondre à leurs besoins spirituels. Des lettres affluent de tous les coins du monde, en quête de bénédiction ou d’intercession du saint libanais.

Ermitage des Saints Pierre et Paul – Annaya
Histoire de la construction

L’ermitage des Saints Pierre et Paul, rattaché au monastère de Saint Maron – Annaya, a commencé à être construit en 1798 par Youssef Bou Ramiya et Daoud Issa Khalifeh, originaires du village d’Ihmej, sur la colline de Roueisset Annaya. Ils ont achevé la construction du monastère en 1811 et ont nommé le sanctuaire édifié sur d’anciennes ruines « Transfiguration du Seigneur », avec l’intention d’y vivre en ermites, détachés du monde.

Le monastère se composait de quelques chambres et d’une église dédiée aux saints Pierre et Paul, séparés par un portique menant à une pièce où l’on entreposait le bois.

Le patriarche maronite Jean Helou changea le nom du monastère le 9 août 1812, le rebaptisant « Monastère de Saint Pierre et Saint Paul ».
Youssef et Daoud, devenus ermites indépendants sans appartenance à un ordre religieux, habitèrent le monastère qu’ils avaient construit et y attirèrent quelques jeunes gens d’Ihmej, leur transmettant l’habit monastique. Le premier fut appelé frère Youssef, le second frère Pierre, qui accéda plus tard au sacerdoce et acquit de nombreuses propriétés pour le monastère.

Prise en charge par l’Ordre Maronite
Comme certains habitants d’Ihmej vivaient près de ce monastère, il devint nécessaire d’avoir un prêtre pour célébrer la messe, assurer les services religieux et guider les âmes vers le salut.

Youssef et Daoud demandèrent au supérieur général de l’ordre maronite libanais, le père Ignace Bleibel, le 20 novembre 1814, d’envoyer un prêtre pour cette mission. Ils lui confièrent la pleine gestion du monastère et des terres environnantes, conformément à un décret du patriarche Jean Helou adressé au supérieur général.

À partir de 1814, ces jeunes hommes cédèrent le monastère de Saint Pierre et Saint Paul avec ses biens à l’ordre maronite libanais. Le frère Youssef resta au monastère de Saint Maron à Annaya jusqu’à sa mort dans une vieillesse pieuse, remplie d’œuvres de dévotion, le 7 mai 1853, sous la direction du père Antonios el-Bani.

En 1820, l’ordre maronite envisagea de fonder un nouveau monastère à cet endroit au nom de Saint Maron, mais le père Ignace Bleibel jugea le site inadapté en raison de son exposition aux intempéries et au froid intense. Il décida de le construire dans un lieu plus favorable, choisissant la colline où se trouve actuellement le monastère de Saint Maron.

Quant au monastère de Saint Pierre et Saint Paul, il fut transformé en ermitage en 1828. Le premier ermite issu de l’ordre maronite à y résider fut le père Élisée el-Hardini, frère du saint Nehmetallah el-Hardini. On y mentionne plusieurs ermites ayant vécu dans cet ermitage.

Les sites de l’ermitage
L’ermitage comprend aujourd’hui, en plus de l’église, des chambres contenant des objets liturgiques et des outils agricoles utilisés autrefois par les ermites. La chambre du père Charbel abrite un tapis en toile de jute étendu au sol et une souche de chêne sur laquelle il reposait sa tête durant ses rares heures de sommeil. Une autre pièce contient des livres spirituels que Saint Charbel lisait, et où il passait ses nuits en prière devant le Saint-Sacrement et une image du Cœur Immaculé de Marie, toujours présente dans la chambre intérieure. Cette image fut offerte par Saint Nehmetallah el-Hardini à son frère ermite Élisée.

Un sentier pédestre relie le monastère à l’ermitage, appelé « Chemin des Saints ». Il commence depuis la cour d’entrée du monastère, devant une statue de Saint Charbel qui nous bénit et nous guide de sa main vers le chemin du Seigneur. On passe devant une statue de la Vierge Marie, qui nous accompagne dans notre marche vers la sainteté. Le sentier traverse une forêt de chênes et de pins, invitant à la contemplation de la nature, à l’entrée dans le désert intérieur pour écouter la voix du Seigneur. On poursuit l’ascension jusqu’au sommet, où se dresse une croix blanche plantée dans la roche, embrassant la montagne, affrontant les tempêtes, tournée vers l’ermitage sur la colline opposée, qui puise sa force en elle. Nous aussi, nous nous remplissons du Christ et poursuivons notre chemin sur la voie du Calvaire, montant jusqu’à l’ermitage sur la colline de la Transfiguration, où Saint Charbel s’est dépouillé, sanctifié et transfiguré pendant 23 ans d’ermitage dans le Seigneur Jésus-Christ.

Il est à noter que les noms portés par cette colline et ses environs sont inspirés des lieux saints. Le sommet d’Annaya porte le nom de « Mont de la Transfiguration », le nom de « Tourzya » au sud est emprunté à « Tourzite », le mont des Oliviers. À l’est se trouve « Baydar Arona le Jébusite », et le nom d’Annaya, donné à la colline où furent construits le monastère de Saint Maron et son ermitage, pourrait venir de « Béthanie ». Enfin, au nord, on aperçoit le « Rocher de Caïphe » et à l’ouest un sanctuaire dédié à « Joachim et Anne ». Dieu aurait-il préparé cette montagne comme une nouvelle Golgotha sur terre et un autre Mont de la Transfiguration, point de départ d’un nouveau rayonnement de la lumière du salut et de l’extension du mystère de la rédemption à travers les âges et les générations ?